Inclusive Soundscapes
Latitudes Contemporaines est lancée dans un nouveau projet européen sur 2 ans, le projet Inclusive Soundscape ! Aux côtés des partenaires italiens Project School et la ville de Trepuzzi, le philosophe et chorégraphe Fernando López accompagne Latitudes Contemporaines dans la mise en place de plusieurs temps d’ateliers et de codesign visant à encourager un environnement culturel plus inclusif.
Projet mené avec le soutien de l’Union Européenne dans le cadre du programme Erasmus+.
Inclusive Soundscapes Workshops
Accessibilité, inclusion et diversité dans la création scénique
15 — 19 décembre
maison Folie Wazemmes, Lille
10h — 13h et 14h — 17h
Commissariat : Fernando López
Du 15 au 19 décembre, à la maison Folie Wazemmes à Lille, Latitudes Contemporaines accueille une semaine d’ateliers et d’échanges autour de l’inclusion et l’accessibilité culturelle, à destination des artistes et (futur·es) professionnel·les du secteur.
Une dizaine d’intervenant·es, invité·es par le chorégraphe et philosophe Fernando López, proposeront cinq journées d’interventions autour de leurs différents champs d’expertise.
C’est gratuit, sur inscription ↓
Au programme :
15 décembre — 10h > 17h
Dissi-danses de genre et sexualité
Avec Diane Villanueva et Edouard Liotard Khouri-Haddad, fondateur·rices du cabaret La Velu.e
Programme de la journée
Cet atelier (intervention/discussion) propose une immersion dans les questions de diversité, de représentativité artistique, de genre et d’inclusivité.
La matinée sera axée sur une présentation de notre travail, des échanges et des références culturelles afin que les participant·es découvrent comment intégrer toutes ces questions dans la création.
Un temps sera aussi imparti à la présentation de votre travail afin de vous accompagner à l’intégration de ces notions dans votre réflexion créative ou dans votre processus en cours.
La session de l’après-midi inclura également une partie pratique : à l’image d’un jeu de rôle, nous vous demanderons de créer un mini-cabaret en intégrant les questions traversées durant la matinée; exercices de catwalk/soul train pour explorer la singularité de chacun·e dans un cadre bienveillant.
L’objectif : développer une expression artistique authentique, inclusive et consciente de son rapport au public.
Les intervenant·es
Diane Villanueva est chanteuse, musicienne, performeuse, et co-fondatrice de la Cie Disorders et du cabaret La Velu.e. Elle démarre sa formation au Conservatoire en danse classique et au chœur Nadia Boulanger, puis elle intègre la maîtrise du CNR de Paris. En 2000, elle décide de se diriger vers une formation plus complète et étudie le théâtre, la danse et le chant au Centre des Arts Vivants. En 2004, elle fait la connaissance de Leela Petronio (STOMP) et intègre sa compagnie Hip Tap Project avec laquelle elle participe à plusieurs créations : Cirque du soleil, Stomp, Tapage Nocturne (festival et résidence à la Villette, Festival des villes des musiques du monde…), Sem’elles (résidence et création à la maison des Métallos et divers festivals en France). En parallèle, Diane travaille avec de nombreux artistes, comme la chanteuse Camille et son bras droit Majiker sur la tournée 2008, Koto Brawa (chanteur Burkinabé) en 2010, Zaza Fournier pour le spectacle Le Déluge en 2017… En 2011, elle rencontre ses deux nouveaux collaborateurs avec lesquels ils montent le groupe d’électro-hip hop Squid and The Stereo (divers concerts à Paris et en France). En 2017 elle fonde son groupe de chanson française-techno : ÜGHETT. Elle écrit les textes et compose avec ses bras-droits. Le ton est donné : un écrin cabaret aux accents Montmartrois, avec gouaille et excentricité. En 2022, elle co-fonde avec d’autres acolytes le cabaret « La Velu.e » pour lequel elle chante et hoste. On peut les retrouver au Cirque Electrique et au Hasard ludique tous les mois et demi. Depuis de nombreuses années, Diane s’engage dans l’échange et la transmission autour d’une pratique pluridisciplinaire auprès de divers publics amateurs (école, collège, personnes du territoire, centre pénitentiaire, maison d’arrêt, hôpital de jour, maisons de retraite…).
La rencontre de ces publics est à chaque fois une nouvelle aventure enrichissante artistiquement et humainement.
Edouard Liotard Khouri-Haddad est acteur-performer physique, pédagogue, directeur technique et créateur lumière. Il suit une formation de l’acteur au Cours Florent et à L’École Auvray-Nauroy. Au théâtre, il travaille entre autres sous la direction de Bruno Bernardin, Eram Sobhani, Julien Kosellek ou encore Lucie Berelowitch; participe à des lectures publiques sous la direction de François Béchu et travaille à la radio sous la direction de Roger Planchon. Il performe notamment avec le chorégraphe Julien Desplantez, avec la chorégraphe et danseuse Emilia Giudicelli pour Platon Jambon et Vivatus, Vivata,Vivatum, ainsi que pour les pièces de Eram Sobhani : Léonce et Léna et Woyzeck et Julien Kosellek pour la pièce Le Dragon d’Or en parallèle de ses propres projets performatifs comme Suspension ou encore Comment dire ? Assistant mise en scène de Cédric Orain depuis 10 ans, il crée aussi les lumières des spectacles Je ne suis personne, mis en scène par Guillaume Clayssen, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France mis en scène par Vincent Brunol et Anatomy Titus Fall of Rome mis en scène par Julien Varin mais aussi Tu me dis que tu aimes les fleurs pour Le pavillon hard. Il est depuis plus de 15 ans intervenant pédagogique en milieu scolaire et dans des écoles de théâtre professionnelles en France et en Europe. Il est aussi depuis 4 ans directeur technique du Festival de la Chaise-Dieu. Plus récemment, il co-fonde le Cabaret La VELU.E. en 2022 avec Üghett, et les Djs Fabisounours et Lokistarfish.
16 décembre — 10h > 17h
Art et artistes crip
Avec Carlos Almela, professionnel de la culture et auteur du livre Bastard Philanthropy, et Costa Badía, performeuse et consultante sur l’accessibilité culturelle.
Programme de la journée
Cosmologies vulnérables. De l’inclusion excluante à l’accompagnement radical
Au travers du partage de cas pratiques du contexte espagnol, d’expériences incarnées, du partage d’œuvres d’art et d’exercices collectifs, cette séance cherche à nous aider à identifier les limites des politiques culturelles d’inclusion traditionnelles et à avancer vers un accompagnement radical des publics et artistes discriminé·es pour leur mobilité réduite ou leur diversité visuelle ou auditive.
Nous aborderons les dimensions symboliques, architecturales, fonctionnelles qui interviennent dans la relation du monde de l’art avec les communautés corpo/neuro/divergentes, afin d’aller au-delà des cases à cocher.
Les intervenant·es
Costa Badía est titulaire d’une licence en Beaux-Arts et d’un master en éducation artistique dans les institutions sociales et culturelles, tous deux obtenus à l’Université Complutense de Madrid. Elle a travaillé pendant quatre ans au service éducatif du Musée du Centre national d’art Reina Sofía de Madrid, en tant que responsable de la médiation culturelle et de la programmation pour les personnes en situation de handicap. Elle mène actuellement plusieurs projets, dont une résidence d’artiste et d’éducateur à Matadero à Madrid, la conception d’un espace physique dédié à l’art et au handicap, diverses missions de conseil en accessibilité pour des centres d’art, et ses études doctorales en Beaux-Arts à l’Université Complutense de Madrid (UCM). Elle a présenté des performances au Musée Reina Sofía, au Musée Thyssen-Bornemisza, au CA2M, au MUSAC et à Almacén à Lanzarote. Elle donne également des conférences dans divers programmes de master et musées sur la médiation culturelle et l’inclusion des personnes en situation de handicap dans les espaces culturels. Ses œuvres figurent dans les collections d’Ana de Alvear, de Marina Vargas et du CA2M, entre autres. Sa démarche artistique vise à valoriser l’erreur et à remettre en question les stéréotypes de beauté et de comportement. Elle explore des voies alternatives en étudiant la coexistence entre personnes normatives et non normatives.
Carlos Almela est curateur et médiateur culturel, membre de l’association Hablarenarte et auteur du livre Philanthropie bâtarde. Il coordonne le master en management culturel à l’Université Carlos III de Madrid, et il est également directeur de hangar, centre de production artistique (Barcelone), et membre du conseil scientifique de Laboral, centre de création artistique et industrielle (Gijón). Il est titulaire de diplômes en sciences politiques (Sciences Po Paris), en philosophie (Paris I – Sorbonne) et en administration des affaires, avec une spécialisation en management culturel (ESCP Europe). Depuis 2013, il œuvre à la croisée de l’art, de l’éducation et de l’action sociale. Avant de rejoindre hablarenarte, il a dirigé, à partir de 2013, le programme Citizen Art de la Fondation Daniel et Nina Carasso en Espagne, une organisation philanthropique axée sur le changement social. Il est l’auteur du livre « Bastard Philanthropy ». Auteure de « For a Patronage Committed to Social Justice » (2025), publié par le Círculo de Bellas Artes, et éditrice de « Vulnerable Cosmologies: Artistic Practices, Care, and Functional Diversity » (2025), publié par Catarata.
17 décembre — 10h > 17h
Neurodiversités dans la création artistique
Avec Alice Davazoglou, chorégraphe, Françoise Davazoglou, enseignante et fondatrice de l’association ART21, Mélanie Giffard, assistante chorégraphique, et Céline Luc, fondatrice de la compagnie À Ciel Ouvert.
Programme de la journée
La journée de formation permettra d’approcher le parcours de danse d’Alice Davazoglou et de dégager les questions artistiques et politiques qu’il soulève. Alice Davazoglou – chorégraphe, Céline Luc – directrice artistique et présidente de la compagnie A Ciel Ouvert, Mélanie Giffard – assistante chorégraphique et Françoise Davazoglou – accompagnatrice et chercheuse en danse, interviendront tour à tour pour éclairer les différentes dynamiques, rencontres et étapes qui ont jalonné ce parcours. Par l’expérimentation, les échanges, les témoignages et des apports conceptuels, les différentes intervenantes éclaireront les inventions qui ont été nécessaires à la construction du parcours d’Alice Davazoglou, ainsi que les a priori et les impensés qui conduisent, encore aujourd’hui, à la rareté des créations d’auteurs et d’autrices en situation de handicap mental.
Les intervenantes
Alice Davazoglou a suivi un cursus danse au sein du conservatoire de Laon pendant une douzaine d’années. Elle a ensuite participé à de nombreux ateliers (Agnès Coutard, Clara Cornil, Mylène Benoît, Mickaël Phelippeau, Cathy Polo, Xavier Lot, Blandine Minot, Laurence Pagès …) ainsi qu’à des projets chorégraphiques amateurs comme les Sysiphes de Julie Nioche, Danse en chansons de Daniel Larrieu, ou le Planetary Dance d’Hanna Halprin sous la conduite de Clara Cornil. Depuis 2010, elle suit les ateliers danse réguliers proposés par Nathalie Hervé notamment au sein de l’association ART21 dont elle est membre fondatrice et vice-présidente. Au sein d’ART21, elle co-anime depuis septembre 2013 des ateliers pour enfants dans le milieu scolaire, périscolaire et associatif. Elle a obtenu en 2017 un agrément de l’Éducation Nationale pour intervenir en danse dans les écoles primaires. Elle a co-animé des ateliers à destination d’enseignants, de conseillers pédagogiques, d’assistantes au enfants en situation de handicap ou encore d’étudiants en Master danse à l’Université de Paris 8. Elle a travaillé sous la conduite de Nathalie Hervé à la création d’un solo Universalice et elle danse également dans plusieurs pièces de Nathalie Hervé issues des ateliers chorégraphiques ART21. Elle est actuellement interprète dans la dernière création de Mickaël Phelippeau, un bi-portrait chorégraphique intitulé De Françoise à Alice. Elle est l’auteure d’un double ouvrage Je suis trisomique normale mais ordinaire et Je suis Alice Davazoglou, paru en novembre 2020, et pour lequel elle a obtenu une bourse d’Aide à la Recherche en Danse du Centre National de la Danse de Pantin. À partir des portraits de son livre, elle a créé en septembre 2024 Danser ensemble, sa première pièce en tant que chorégraphe pour laquelle elle a réuni en tant qu’interprètes 10 chorégraphes de renom.
Céline Luc et Alice Davazoglou font connaissance dès 2007 à L’échangeur / CDCN des Hauts-de-France quand Céline y était chargée des relations aux territoires et Alice, danseuse amateure à Laon. C’est au travers de différents projets d’éducation artistique et culturelle et notamment de formation d’enseignant·es et futur·es enseignant·es portée par Françoise Davazoglou à L’IUFM que la rencontre s’opère. À partir de 2013, Céline prend en charge la coordination et l’administration pour le réseau des Petites Scènes Ouvertes. Au même moment, elle participe à la création de La Ruse, compagnie pour soutenir les projets chorégraphiques de Bérénice Legrand. En tant que trésorière, elle assure le volet administratif jusqu’en juin 2017, moment où elle devient salariée de l’association. A partir de septembre 2019, elle y occupe le poste de secrétaire générale et assure le développement des activités, tout en poursuivant sa mission auprès du réseau Les Petites Scènes Ouvertes en tant que directrice de production. En parallèle, elle suit les activités et le parcours d’Alice Davazoglou à Laon (au sein de l’association ART21) puis en création et en tournée avec Mickaël Phelippeau. En 2022, sur l’impulsion forte d’Alice de devenir chorégraphe, Céline co-fonde A Ciel Ouvert qui a pour objet de porter, soutenir et rendre visible les projets d’artistes en situation handicap mental. Elle en assure la présidence. Le premier projet de cette association est celui d’Alice, Danser Ensemble, spectacle qui voit le jour en septembre 2024, et qui est actuellement en tournée. L’activité de l’association se développe autour de l’accompagnement du parcours professionnel d’Alice en tant que chorégraphe.
Françoise Davazoglou est enseignante-maître formatrice du premier degré. Elle a investi le champs de la danse, parallèlement à une pratique amateur soutenue, via les projets et les formations « Danse à l’école » initiés par Marcelle Bonjour. A partir de 2002 elle devient « personne ressource danse » au sein de l’IUFM puis de l’ESPE de Laon. Elle a conduit des projets tant pour les élèves de l’école élémentaire que pour les enseignants en formation initiale ou continue. Depuis 1998 elle travaille en étroite collaboration avec l’Echangeur, CDCN des Hauts de France, pour mettre en place des parcours d’Education Artistique et Culturelle. Ces projets ont été l’occasion de collaborer avec de nombreux danseurs.ses et chorégraphes (Laurence Bertagnol, Catherine Contour, Karine Ponties Clara Cornil, Marinette Dozeville, Pal Frenak, Daniel Larrieu, Xavier Lot, Cathy Polo, Luc Petton, Laurence Rondoni, Cie Irène Tassembedo, Mickaël Phelippeau, Mié Coquempot…). Elle est engagée depuis 2010 dans un cursus universitaire à l’Université Paris 8 et a soutenu sa thèse « Danse et condition handicapée : Quels pouvoirs d’agir ? » sous la direction d’Isabelle Ginot en février 2015. Cette recherche questionne les processus permettant à des danseurs.ses « handis » et « valides » de travailler, penser et créer ensemble et tente de cerner quels sont les pouvoirs d’agir sur la « condition handicapée » que ces processus peuvent développer. Elle se consacre depuis 2013 aux projets d’ART21, association dont elle est membre fondatrice et qui vise à favoriser et promouvoir les pratiques des danseurs.ses en situation de handicap mental. Elle est interprète depuis 2020 dans le bi-portrait chorégraphique de Mickaël Phelippeau, De Françoise à Alice.
Mélanie Giffard intègre en 2008 la formation « De l’interprète à l’auteur » au sein du CCN de Rillieux-la-Pape – direction Maguy Marin. En 2011, elle danse pour Maud Le Pladec dans Democracy. Durant cette année, elle rejoint en tant que danseuse le CCN de Caen/ Basse-Normandie, direction d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux pour les créations Circle et Lost in Burqa. Mélanie est danseuse, de 2012 jusqu’à aujourd’hui auprès d’Herman Diephuis pour les créations Ciao Bella, All of me, Impressions, Bang !, Clan et Impressions, Nouvel accrochage. En 2013, elle travaille avec Liz Santoro et Pierre Godard dans We do our best et avec Julien Jeanne dans Parade. En 2015, elle fait une reprise de rôle dans Mon amour du metteur-en-scène Thomas Ferrand. En 2016, elle obtient son diplôme d’Etat en danse contemporaine et en parallèle se passionne pour la Médecine traditionnelle chi noise, notamment pour le tuina et le Qiqong. Elle rejoint en 2021, la compagnie d’Alban Richard, directeur du CCN de Caen pour sa création 3 Works for 12, ainsi que pour les performances The Weird Sisters Project et Buées et Exalte. Depuis 8 ans, elle intervient et crée des formes dansées au sein de différentes structures: Collèges, Écoles primaires, IME, conservatoire de théâtre, UFR Staps etc.. Mélanie est aussi assistante auprès des chorégraphes : Mickaël Phelippeau pour Nothing Compare 2 U, auprès d’Alice Davazoglou pour Danser Ensemble, auprès de Nicolas Chaigneau pour MI-AMI et auprès d’ Alban Richard pour Dance Dance Dance. Depuis 2024, Elle Co-Crée avec Nicolas Camus l’association Mūre Future.
18 décembre — 10h > 17h
Artistes et publics en situation de fragilité
Avec Valentina Morales, chorégraphe et chercheuse en danse.
Programme de la journée
« À la rencontre de nos corps-territoires : les danses de la rencontre »
L’atelier propose l’expérimentation d’une série de fondamentaux gestuels de deux « danses de la rencontre » issues de l’Amérique du sud, en particulier la cueca et le tinku.
Ces danses abordent la rencontre intercorporelle d’une manière pratiquement opposée mais partagent une perspective féministe et décoloniale, occultée par l’histoire des États-nations, que nous pouvons penser à partir de la notion de corps-territoire. Au cœur de la pensée écoféministe latino-américaine, la notion de « corps-territoire » est marquée par une logique relationnelle : lorsque les territoires, en tant que terre-sol, s’imbriquent avec les corps dansants. Ainsi, le mot « territoire » n’a pas seulement une signification possessive ou géopolitique, mais plutôt une idée de « terroir », un sentiment d’appartenance à nos lieux d’origine et à ceux que nous habitons aujourd’hui.
En 1979, la cueca est proclamée « danse nationale » par le gouvernement militaire chilien. Ce qui imposera une structure chorégraphique étriquée, des clichés de genre et une violence symbolique vis-à-vis des femmes. Au-delà de ces injonctions, nous pouvons comprendre cette danse par la diversité de territoires et de cultures qui dansent la cueca. D’autant plus que sa condition transnationale, issue de la rencontre entre l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Europe (principalement par l’Andalousie avec des influences musico-chorégraphiques du baroque français) a produit des variations importantes entre le Chili, l’Argentine, le Pérou et la Bolivie.
«Tinku » signifie en aymara « rencontre » et fait référence à un rituel complexe, originaire de la Bolivie, dans lequel les sujets, majoritairement masculins, se battent jusqu’au sang, utilisé comme offrande à la terre. Mais sa danse, interprétée aussi par des femmes, exprime davantage une juxtaposition d’éléments culturels indigènes, européens, migrants, ruraux et urbains dans laquelle l’aspect indigène du métissage est revendiqué, à travers une esthétique de la résistance qui commence à adopter aussi une dimension féministe et transnationale.
En passant par la pratique et le visionnage des extraits vidéo de différentes manifestations de ces danses, nous aborderons les rythmes, les spatialités et les qualités gestuelles, au-delà du seul imaginaire folklorique qu’elles imposent. Parallèlement, afin de comprendre leur dimension décoloniale et située, nous travaillerons à partir de la réalisation des cartographies de nos corps-territoires qui nous serviront de supports de récits et de recherche gestuelles individuelles.
L’intervenante
Valentina Morales, née en 1985 à Santiago du Chili, réalise sa formation en danse contemporaine, chorégraphie et pédagogie à l’école Espiral (ex-UAHC), fondée par Patricio Bunster et Joan Turner. En 2010, elle commence son travail comme chorégraphe et danseuse indépendante et remporte le Fond National des Arts au Chili (Fondart) pour la création de l’œuvre interdisciplinaire « Un Viaje a Macondo » (2011), inspirée de l’ouvrage de Gabriel García Márquez, « Cent ans de Solitude ». En 2011, elle s’installe en France pour réaliser un master au sein du département Danse de l’université Paris 8. Sous la direction d’Isabelle Ginot, elle se consacre à une recherche autour de l’esthétique de la danse de Pina Bausch (1940-2009). En 2013, elle bénéficie de la bourse nationale chilienne ANID pour continuer son travail à travers une thèse de doctorat. En juin 2019, elle obtient le grade de Docteure en Danse et Arts du Geste avec une thèse intitulée Une corporéité de la solitude. Pour une esthétique de la danse de Pina Bausch et devient chercheuse associée de l’équipe « Danse, geste et corporéité » (MUSIDANSE), université Paris 8. En janvier 2020, elle fonde avec Hugo Cordeau le collectif « Pareidolia » art & écologie. En 2022 le projet post-doctoral « Los tránsitos de un gesto » (MUSIDANSE, C ND, aCD) qui étudie les transferts chorégraphiques entre la danse chilienne et allemande à travers le système Jooss-Leeder. Depuis 2022 elle est enseignante au département Danse de l’Université de Lille et développe actuellement une recherche-création consacrée à la notion de corps- territoire, en partant de deux danses de la rencontre issues de l’Amérique du Sud : la cueca et le tinku et les différentes manières de danser (avec) les plantes.
19 décembre — 10h > 17h
Artistes et publics en situation de fragilité
Avec Juliana Marín Taborda, artiste visuelle, enseignante et chercheuse autour de la transformation sociale à travers l’art.
Programme de la journée
Cet atelier propose d’explorer des pratiques de co-création avec des populations vulnérables, en particulier avec des publics issus des migrations, en articulant théorie et expérimentation. Nous poserons d’abord les fondements théoriques et pratiques de la puissance esthétique du geste quotidien, envisagé comme un acte performatif permettant de travailler avec des personnes non artistes et de révéler la créativité présente dans les gestes simples du vivant. Nous aborderons ensuite les principes éthiques de la recherche-création appliquée aux arts vivants, à partir des cadres développés dans le projet européen TransMigrARTS, en présentant la mise en place d’un espace éthique et bioéthique du soin et du bien-être structuré en trois temps : l’avant du workshop (préparation des conditions de rencontre), le pendant (attentions et précautions nécessaires à la conduite d’un atelier en arts vivants) et l’après (perspectives futures, prolongements et soin post-création). L’ensemble du travail se déroulera dans un aller-retour entre théorie et pratique et se clôturera par une discussion collective permettant de partager les expériences, les ressentis et les pistes de recherche ouvertes par la séance.
Les intervenantes
Juliana Marín Taborda est artiste visuelle, enseignante et chercheuse. Elle prépare actuellement un double doctorat en arts et philosophie à l’université d’Antioquia et à l’université Jean Jaurès de Toulouse. Elle a enseigné à l’université d’Antioquia et à l’université de San Buenaventura. Elle a coordonné des projets culturels axés sur la recherche-création et la transformation sociale à travers l’art. Son travail a été exposé en Colombie et en Europe. Elle a reçu plusieurs distinctions, notamment la bourse Artistas Jóvenes Talento de l’ICETEX et une mention d’honneur pour sa thèse à l’université d’Antioquia. Elle a publié plusieurs articles sur la recherche-création, la pensée du rhizome et les agencements photographiques et a une contribution dans le livre « Recherche-création appliquée. Innover à partir de l’art pour les secteurs sociaux ». Elle participe actuellement à des projets TransAtlantiques tels que TransMigrArts, un projet Horizon 2020-MSCA RISE et ARMEP, un projet Ecos Nord.
19 décembre — 17h
VOLUME ON, clôture festive et performative par Fernando López
Commissariat : Fernando López
Fernando López (Madrid, 1990) est danseur, chorégraphe et philosophe. Docteur en Esthétique de l’Université Paris 8-Saint Denis, il allie activité artistique, recherche académique et enseignement. Depuis 2009, il dirige sa propre compagnie de flamenco contemporain, ayant créé plus de dix spectacles dans lesquels danse, paroles et musique s’entremêlent, transcendant toutes les étiquettes. Parmi les moments forts, on peut citer « Danser dans l’homme » (2015), « Penseur, un philosophe dans le tablao » (2018), « Le mouvement » (2021), « Plus de versions : El Amor Brujo » (2021) et « Flamenco noir » (2023). Ses créations ont été réalisées par des artistes tels qu’Álvaro Romero, Jero Férec, Belén Maya, La Chachi, Carmen Muñoz et Isabel Do Diego, entre autres. Il a également été sollicité comme directeur artistique et conseiller par des chorégraphes tels que Olga Pericet, Belén Maya, Juan Carlos Lérida, José Manuel Álvarez, Poliana Lima, Carmen Muñoz, Paula Quintana, Eyas Dance Project, Sara Torres, Acerina Amador, Paula Bruna, etc. Entre autres distinctions, il a reçu le prix du meilleur danseur au concours El Álamo (2010) et la bourse DanceWeb (2013) du festival ImpulsTanz de Vienne. Depuis 2020, il est membre de l’Académie espagnole des arts du spectacle et professeur invité dans diverses universités en Espagne et en France, où il enseigne des ateliers théoriques et pratiques axés sur la recherche-création et les questions de genre en danse. Il a publié, entre autres, « Historia queer del flamenco » (Egales, 2020), qui a été traduit en français (L’Arche) et en anglais (Michigan University Press) en 2024.
